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O.N.G. - Extrême-orient(é)
26 octobre 2012

Le monde est protectionniste, pourquoi pas la France ?

Sans titre

En matière de protectionnisme économique, l’Union Européenne apparaît comme la zone du monde la moins armée pour faire face à la concurrence déloyale engendrée par des pays émergents tels que la Chine, l’Inde ou le Brésil. La différence des coûts de production (due à des normes sociales et environnementales moins sévères) soumet notre industrie, et maintenant nos services, à une concurrence intenable. D’où la nécessité de combler cette différence par des mesures compensatrices (principalement par le biais de droits de douanes variables et ciblés). Mais les Traités européens successifs, promouvant « la concurrence libre et non faussée », limitent très fortement la possibilité donnée aux Etats d’intervenir souverainement dans leurs économies, voire interdisent tout simplement certaines mesures, lorsqu’elles concernent le commerce entre Etats de l’UE et avec le reste du monde. Il est ainsi quasi illégal (au sens des Traités européens) de mettre en place une politique de ré-industrialisation nationale, impliquant nécessairement l’octroi de subvention publiques, le vote de lois durcissant l’accès des entreprises étrangères aux marchés et aux commandes publics ou la mise en place de barrières douanières. Notons à cet égard qu’il existe une concurrence déloyale exercée au sein même de l’UE, notamment par les pays nouvellement entrés (Bulgarie, Roumanie, pays baltes etc.).

Nous ne prétendons pas présenter avec exhaustivité l’ensemble des mesures protectionnistes en vigueur dans le monde (en 2011 l’OMC en dénombrait, tout pays confondus, 340 nouvelles) mais quelques exemples précis et représentatifs des mesures prises par des pays de puissance différente, loin des caricatures rabâchées du « repli sur soi ».

Les U.S.A avec les lois de « priorité nationale » qui se traduisent concrètement par le Small Business Act qui réserve entre 25 et 40% des marchés publics aux PME américaines (existe de nombreuses mesures additionnelles telles que des facilités d’accès à l’emprunt bancaire, etc.) et le Buy American Act qui conditionne l’obtention des marchés publics de fourniture et de construction à l’utilisation de matériaux américains :
_ les produits bruts utilisés doivent être extraits ou produits aux USA (à 100%)
_ les produits finis doivent contenir au moins 50% de composants américains et être assemblés aux Etats-Unis.

Le Brésil avec l'application de droits de douane ciblés et modulables dans l’automobile. Constatant la part toujours plus importante des véhicules étrangers dans son marché intérieur, le Brésil a augmenté ses taxes à l’importation dans ce secteur de 30%, jusqu’à atteindre un taux de 55% (touchant tous les véhicules comprenant moins de 65% de composants brésiliens, ou issus du Mercosur). Conséquence : plusieurs grandes marques ont annoncé l’ouverture d’usines d’assemblage dans le pays.

L'Argentine avec ses quotas d’importations. Fin 2011, constatant qu’Apple et RIM (producteur du Blackberry) se partageaient 60 % du marché intérieur des Smartphones, le gouvernement argentin suspendit purement et simplement les importations de ces appareils (au motif d’un certificat d’origine non délivré). RIM décida dans la foulée de localiser une partie de sa production de Blackberry dans le pays.

La Russie avec ses quotas d’importations. Jusqu’à son adhésion officielle à l’OMC, en août 2012, la Russie protégeait son agriculture par des droits de douanes élevés et des contingentements particulièrement restrictifs pour les volailles, le porc et une quasi interdiction des importations de céréales.

La Chine avec du dumping monétaire. En maintenant volontairement la sous-évaluation du Yuan, la Chine pratique avec sa monnaie une forme de protectionnisme structurel. Elle crée en effet un avantage compétitif tel pour ses entreprises que certaines études comparent cette sous-évaluation, dans ses effets, à l’instauration d’un tarif douanier de 60% ou équivalente à une subvention à l’exportation de 30%. Et aussi avec des droits de douanes. Par exemple dans le domaine du bois, la Chine pratique des tarifs douaniers progressifs. 8% pour les importations de matière première, 18% pour les produits semi-transformés, 40% pour le parquet et 100% pour les meubles. A l’inverse l’UE n’impose aucun droit de douane sur ce marché.

La Corée du Sud avec ses droits de douanes. En moyenne, la Corée du Sud impose des tarifs douaniers de 7,5% (contre 4,2% par l’UE*) sur les produits non agricoles, et 42,5% (contre 5,9% par l’UE*) sur les produits agricoles.

Le Japon avec ses droits de douanes. Le Japon, jusqu’à aujourd’hui, pour protéger sa production nationale de riz, taxe l’importation de ce produit « symbolique » à un taux prohibitif de 800 % !


*Les barrières douanières ayant été abolies pour les échanges entre pays de l’Union Européenne, elles demeurent, à un taux très bas, pour les échanges hors-zone.

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