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O.N.G. - Extrême-orient(é)
28 juin 2012

Les Bilderbergs, la conspiration Rockefeller et le Katholik Park

Sans titre

par Nicolas Bonnal

Les Bilderbergs se sont réunis cette année aux Etats-Unis dans un endroit nommé... Chantilly. La crème de la crème a parlé de tout comme d’habitude, et bien sûr du dada de Rockefeller, le gouvernement mondial. Je me demande parfois à quoi sert cette lubie, si le gouvernement mondial, le vrai, celui de la cybernétique et des machines, des horaires et des aéroports, des ordinateurs et des réseaux, de l’anglais de base et de la laïcité pour les nuls, du supermarché et de la boutique Vuitton, n’a pas déjà été mis en place, bien automatisé. Ce serait le terminal filmé par Spielberg, mais sans l’euro, trop bête et politique...

Quand on parle des Bildelbergs on se fait vite accuser de conspirationniste, et ici il faut réagir. Le conspirationnisme, dirais-je en reprenant Lénine, c’est le mondialisme des imbéciles ; de ceux qui n’ont rien d’autre à faire que d’aller dénicher sur Google (entre les mains de la NSA et de la CIA !) des complots là où il y a le plus souvent des faits. Et en transformant un fait en conspiration, ils servent magnifiquement le système. Comme dit mon ami John Laughland à propos de révolutions orange, des rebelles syriens ou du reste, il y a réalité des coups d’Etat, pas théorie de la conspiration.

***

La vérité sort de la bouche des coupables. Je vais donc évoquer la constellation Rockefeller par rapport à un texte intéressant, quoique confus, que la fondation a publié il y a déjà deux ans, bien sûr consultable en ligne, et qui s’intéresse au futur de la technologie dans le développement mondial.

Car la technologie a remplacé comme acteur l’humanité. La déification de la technologie par nos élites fait de l’homme un moyen, un outil pour cette technologie, et plus un but. C’est le trans-humain en route. L’homme actuel se transforme de toute manière plus vite en machine que le robot en doux serviteur.

L’étude distingue des trends généraux, marqués par le pessimisme économique, écologique et même philosophique. Elle évoque la guérilla philanthropique (en voir les dégâts en Libye ou au Soudan), le déclin du tourisme, le rôle conspiratif des ONG, de plus en plus chargées de remplacer les agences et les services secrets (en fait elles ont fusionné, et c’est le grand jeu de Kipling à la sauce humanitaire), et elle est obsédée, cette étude, par les pauvres d’Afrique et d’Asie, se gargarisant de ses pro-poor foresights. Elle veut aussi abattre la grande muraille de Chine, sa protection contre la mondialisation du réseau. On évoque aussi (Michael Free) la terreur des dommages collatéraux, la notion aiguë de sous-veillance, les smart cities (cités déshumanisées possédées par la connexion) et bien sûr l’obésité, due à la consommation de... viande. Je m’amuse en pensant que Christine Lagarde, programmée et dressée aux USA est végétarienne et ne boit jamais d’alcool. On suppose aussi une abolition de la personne humaine avec le développement de la liquidité des identités des gens à coups de chirurgies, de fausses identités technoïdes. Ce fouillis fait plus penser à un brainstorming mondain qu’à une scénarisation du futur, et c’est dommage. A moins que ce futur soit justement, comme pour l’euro et le reste, une absence de futur !

L’étude se base sur des scénarios, sans doute inspirés par des scénaristes d’Hollywood, très calés en technologie, et confirme mon intuition des années Clinton : le cinéma hollywoodien sert et reflète l’idéologie mondialisée de la caste planétaire. Il ne suit pas forcément des ordres, il peut même en donner, comme dans le Pacificateur. On peut voir des Clooney s’engager au Darfour ou des filles Angelina Jolie ou Madonna aux postes de commande maintenant adopter des enfants de pays présumés inférieurs (Mozambique, Vietnam, Ukraine). La femme libérée va diriger le monde de son talon de fer.

***

Je synthétise les quatre options distinguées par les pools de scénaristes de la fondation Rockefeller. Le texte est souvent écrit en novlangue, les films US sont d’ailleurs de plus en plus impossibles à entendre. L’obsession techno donne à penser que nos élites voudraient non plus voir des humains mais des extra-terrestres sur la terre. On n’y mentionne plus l’occident ni le monde blanc, et pour cause !, et on sent que l’on attend impatiemment une désintégration de la Chine.

  • Lock step. Pas vers le monde fermé. On suppose l’émergence d’un Gouvernement autoritaire, type Hunger Games (pardonnez-moi si je me trompe !), peu d’initiative citoyenne. De la pandémie, des contrôles de santé. C’est la paranoïa systémique avec à la clé le principe de précaution pour imposer toutes sortes de contrôles.
  • Clever together. C’est la vision optimiste, celle des fous de Bruxelles. On est tous heureux tous ensembles ! On se félicite pour le tiers-monde (les Rockefeller y croient encore) des stratégies coordonnées et pleines de succès. Tout le monde il est beau tout le monde il est nanti. 
  • Hack attack. Le pirate attaque. Ici on suppose une explosion de violence avec, tenez-vous bien, de grands attentats à Londres pendant ses JO ! 13 000 morts ! Dans ce Monde instable, les gouvernements sont faibles, les nations désintégrées, les innovations sont dangereuses. Ce scénario-catastrophe s’intitule Doom decade. On suppose, et c’est enfin intéressant, un Retour vers un genre de féodalité, la mère (mais oui !), la famille et même le prêcheur. Mais où donc est passée mon iPod ? 
  • Smart scramble. Malin remue-ménage. Cerise sur le gâteau. Smart Scramble, c’est la fin des haricots et aussi de la mondialisation autoritaire. Au menu : dépression, économies et individus délocalisés, fin de la différence entre nations développées et en développement ; gouvernement US distrait. Pas de présence ni de crédibilité globales.

Alors ? On se développe en Communautés, jardins, réseaux. Et l’on se rapprocherait même chez Rockefeller de ce que j’ai nommé ailleurs la révolution médiévale ou les Katholik parks. On verra ce que nous réserve l’avenir mais il y a fort à penser que les scénarios les plus durs ne seront pas les pires.

"Là où croît le danger, là aussi croît ce qui sauve." Hölderlin

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