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O.N.G. - Extrême-orient(é)
25 juin 2012

Le fruit de notre « civilisation » libérale-libertaire

Luka-Magnotta_articlephoto

...dès qu’un député est élu, on ne le voit plus pendant cinq ans et on ne s’en porte pas plus mal. Parlons plutôt de ce jeune homme étonnant qui a fait parler de lui ces derniers jours : Luka Rocco Magnotta. Acteur pornographique androgyne, bisexuel, nécrophile, ce Canadien né en 1982 a dépecé son collègue de partouze avant de violer son cadavre, d’envoyer les images du crime sur Internet et les parties du corps de la victime par la poste à des écoles. Là, on est quand même dans du lourd. Un peu comme si notre « civilisation » libérale-libertaire commençait enfin à donner ses fruits. Magnotta, c’est le « jeune » parfait, celui que l’Occident s’efforce de créer depuis trente ans. Un « geek » dé socialisé, narcissique et nihiliste. Il s’aime tellement qu’il a déclaré avoir envie de se marier avec lui même. Son but dans la vie est celui des participants de la Star Académie (qui est généralement celui d’un enfant de six ans): être une star, être aimé, être envié, être au centre de tout. Son univers, c’est l’image, le zapping, toute la sous-culture industrielle qui a progressivement broyé son imaginaire. Magnotta a tenté à plusieurs reprises de participer à des émissions canadiennes de téléréalité. En vain. Du coup, il s’est mis à balancer sur le web des vidéos dans lesquelles il torturait des chats et a fini par dé membrer son camarade chinois sur fond musical tiré du film « American psycho ». Gloire internationale assurée. Sur le site « gore » où il a pos té sa vidéo, 600 internautes ont cliqué sur « I like » après visionnage du massacre. Quelques futurs Magnotta dans le lot, probablement. En suite, il s’enfuit du Canada, dé barque à Paris avec un tee-shirt à l’effigie de Mickey Mouse, prend le car pour l’Allemagne sous le pseudo de Tramell, l’héroïne de Basic instinct, admire ses faits et gestes sur Internet dans un cybercafé de Berlin et se fait attraper par la police. « Vous m’avez eu », leur déclare-t-il, beau joueur. End of the game. On prétend traquer la barbarie partout dans le monde. La voilà qui surgit chez nous dans sa version fun et sexy. Ce cannibale efféminé ressemble trop à son époque pour n’en être qu’une aberration. Ouvrez les yeux, vous en verrez plein autour de vous. Ils dansent, ils s’admirent, ils sont remplis d’eux-mêmes, ils sont débiles, ils sont prêts à tout pour être célèbres. Il serait temps qu’on se réveille, ça va finir par nous bouffer.

Julien Jauffret dans Minute 2568

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