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O.N.G. - Extrême-orient(é)
12 juin 2012

Anglomanie bhoutanaise

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La seconde édition du Mountain Echoes Festival (Festival de l’écho dans la montagne) se tenait fin mai à Thimphou, la capitale du Bhoutan, Etat enclavé de 700 000 habitants, entre Chine et Inde.

L’Inde est la nation la mieux représentée. Les auteurs bhoutanais sont ultraminoritaires. Au Bhoutan, la littérature est depuis des temps immémoriaux l’apanage des moines bouddhistes qui écrivent les textes sacrés, en langue dzongkha. Le dzongkha (soyons précis), appartient au groupe bodique des langues tibéto-birmanes, elles-mêmes incluses dans les langues sino-tibétaines.

Connu pour son indice de « Bonheur national brut », une notion conjuguant développement économique, bien-être et « nationalisme culturel » (dixit l’AFP), le pays n’avait ni routes, ni monnaie jusque dans les années 1960 et a interdit la télévision jusqu’en 1999 de façon à limiter l’influence extérieure. Mais depuis les années 1960, l’anglais est la langue enseignée dans les écoles et celle choisie par les représentants de la confidentielle scène littéraire locale.

« Grâce à l’anglais, nous pouvons ouvrir au monde une fenêtre sur le Bhoutan », déclare Karma Singye Dorji, un écrivain populaire dont le recueil Dreaming of Prayer Flags (« Rêver des drapeaux de prières ») a connu un certain succès à l’étranger en 2009.

Le grand homme de lettres du royaume, Kuenzang Thinley, qui a signé plus de soixante œuvres en dzongkha, craint que le poids grandissant de l’anglais ne condamne sa langue et son identité (je traduis) : « Depuis la propagation de l’anglais à l’ensemble du système scolaire, l’activité littéraire en dzongkha a diminué. »

Le dzongkha est parlé par la grande majorité de la population, mais pas toujours maîtrisé. Seule une poignée de Bhoutanais est capable de bien l’écrire – des moines pour la plupart – et les écoles ne consacrent qu’une heure par jour à son apprentissage. « La plupart d’entre nous avons été éduqués en anglais. Je crois que la télévision a joué un rôle central dans le fait que l’anglais prédomine aujourd’hui, à tel point que ceux qui ne parlent que dzongkha éprouvent parfois un complexe d’infériorité », reconnaît Lily Wangchuk, directrice de la Bhutan Media Foundation. Avec la télévision et l’école au service de l’anglicisation globale, difficile de bhouter l’anglais.

Aline Adrenne dans Présent

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