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O.N.G. - Extrême-orient(é)
16 mai 2012

Le « casse-tête » chinois de la vente d'arme par Moscou

Sukhoi_T_50__PAK_FA_source_india_defence

La partie de poker menteur qui se joue depuis plusieurs mois entre la Russie et la Chine autour de la vente des avions de chasse Sukhoï (Su35) semble connaître un coup d’arrêt, au moins temporaire. C’est tout du moins ce que laisse entendre le directeur général adjoint de l’agence russe d’exportation d’armement Rosoboronexport Viktor Komardine lorsqu’il déclare le 17 avril : « nous voulons promouvoir le chasseur Su35 sur le marché chinois. La Chine ne veut acquérir qu’une quantité réduite d’appareils, alors que nous souhaitons vendre en gros, pour rendre la transaction économiquement rentable ». Cette déclaration qui intervient après plusieurs mois de négociations difficiles marquées par des communiqués aussitôt suivis de démentis, soulève le dilemme économique auquel est confrontée la Russie par rapport à son allié chinois.

Depuis l’implosion de l’URSS en 1991, la Chine est devenue l’un des plus gros acheteurs d’armes russes avec l’Inde et l’IranElle a joué un rôle essentiel dans la survie de l’industrie militaire russe en maintenant en relative bonne santé, nombre d’entreprises du complexe militaroindustriel dont le leader de l’aéronautique « Sukhoï ». Mais surtout, la Chine achète des armes légères en grande quantité tout en se montrant souvent peu exigeante sur la qualité, et ceci au plus grand bénéfice de Moscou. Pourtant, les dispositions de la Russie à l’égard de la Chine changent sensiblement de nature lorsqu’il s’agit de vendre des armes de haute technologie. La Russie reste certes très intéressée par la vente de ce type d’armes pour des montants qui peuvent atteindre des milliards de dollars, mais doit tenir compte des risques liés à de telles ventes. Car si la Chine est un client « facile » pour la Russie, c’est aussi et surtout une adepte de la contrefaçon : les négociations se transforment souvent en cassetête pour les Russes qui doivent trouver le volume de vente minimum nécessaire à atteindre, pour compenser le facteur risque lié à la vente d’armes contrefaites à partir du matériel russe. Car Pékin rivalise déjà avec Moscou sur les marchés asiatiques, africains et latinoaméricains avec des prix moindres que ceux des produits similaires russes. Mais là ne s’arrête pas la tâche des négociateurs russes qui doivent aussi veiller à ne pas franchir le point de rupture audelà duquel Pékin pourrait remettre en cause les ventes d’armes plus classiques qui sont une manne financière pour Moscou.

La Russie ne pourrait en effet se payer le luxe de perdre un client comme la Chine. Et ceci est d’autant plus vrai aujourd’hui que les relations de coopération militarotechnique avec l’Inde sont de moins en moins sereines : l’Inde, bien que premier importateur d’armes russes (7,7 milliards de dollars et plus de 60% des exportations russe en 2012, selon les prévisions), est un client particulièrement exigeant, qui vise de plus en plus à diversifier ses sources d’approvisionnement. Et les échecs de l’année dernière sur la vente de 22 hélicoptères russes Mi28N, et des MiG35 en remplacement des 126 MiG21 soviétiques (un contrat de plus de 10 milliards de dollars seulement…) sont là pour prouver que le marché indien devient de plus en plus concurrentiel et que l’âge d’or des ventes vers ce pays est probablement révolu.

La Russie a donc beaucoup plus à perdre que son interlocuteur chinois. Et si les Russes ne veulent pas que les négociations se terminent de la même façon que celle sur les avions de chasse et de lutte antinavires Su33, il y a fort à parier que la partie de cartes reprendra d’ici quelques semaines.

Lettre Eurasiatique de Stratégie et d’Intelligence Economique
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