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O.N.G. - Extrême-orient(é)
27 avril 2012

Caractères chinois, poésie et Ezra Pound

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Il faut dire que la jeune Mary Fenollosa ne lui a pas seulement remis les manuscrits sur le Nô et sur les caractères chinois mais aussi un grand nombre de notes parmi lesquelles il y avait celles que Fenollosa avait prises en étudiant pendant deux ans, avec un professeur japonais, l’oeuvre du grand poète de l'époque Tang, Li Po. Le grand critique littéraire Hugh Kenner qui a publié de nombreux ouvrages sur les poètes et écrivains anglais et américains du début du siècle, Joyce, T.S. Eliot, Wyndham Lewis, et Ezra Pound qu’il a bien connu, raconte dans l’un de ses livres comment Pound, à partir de ces notes, plutôt sommaires, qui donnaient simplement le sens ou les divers sens possibles des mots des poèmes de Li Po, a réalisé ses propres interprétations de 14 de ces poèmes et les a publiées sous le titre de Cathay dès 1915. Il est vraiment heureux, dit Hugh Kenner, que ce soit à un Maître que ces carnets aient été confiés. Et il intitule le chapitre dans lequel il raconte cette histoire: Invention of China. Car, à partir de ce moment Pound approfondit sa connaissance du chinois, se passionne pour Confucius et commence, dès les années 20, à travailler à ses fameux Cantos. Et il développe progressivement sa méthode idéogrammatique. Au début il la définit comme une technique poétique qui met l’accent sur les relations entre images. Ce ne sont pas les images ni la suite des images qui comptent, ce sont les correspondances entre les images qui font la substance poétique. On voit le parallèle avec la construction d’une certaine classe d’idéogrammes. Puis sa théorie prend une dimension philosophique. Et il cherche à l’appliquer à d’autres arts. Monika Motsch cite deux exemples, la sculpture et le cinéma. Le jeune sculpteur français Gaudier-Brzeska mort lors de la première guerre mondiale faisait partie du même groupe vorticiste que Pound dont il a réalisé une sculpture en marbre: la Tête hiératique d’Ezra Pound. Lui aussi a étudié les caractères chinois et a essayé de transposer dans le marbre «la relation entre les masses». Et puis Eisenstein qui raconte dans l’introduction à ses Notes d’un Metteur en scène combien il a apprécié d’avoir pris des leçons de japonais et découvert les pictogrammes. «C’est justement ce mode de pensée tout à fait inhabituel qui m’a aidé plus tard à maîtriser la nature du montage». Et Dieu sait si le montage était important pour lui. Dans un long chapitre intitulé Montage en 1938 il explique comment deux séquences juxtaposées doivent créer et créent en fait quelque chose de nouveau. L’émotion, le thème, l’image du thème que doit percevoir le spectateur.

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