La sidération Merah

Ce qu’il y a de bien avec les « fafs » et les réaco-machins trucs, c’est qu’on est jamais surpris, jamais étonné, et, par là, jamais déçu. Ils font toujours là où on leur dit de faire avec un empressement et un contentement qui font plaisir à voir. Pour peu qu’un geôlier un tantinet habile leur entrouvre une petite porte ou que le système leur apporte sur un plateau d’argent un quelconque espace de visibilité médiatique et ils s’y engouffrent avec une bienheureuse et avide précipitation, sans aucune réflexion, ni le moindre recul, trop heureux de pouvoir ronger de leurs canines émoussées le petit os rabougri qu’on leur a jeté en pâture.

Un seul mot d’ordre : « surtout toujours être là où on attend qu’on soit ». Stratégie brillante s’il en est, à l’efficacité maintes fois validée par l’histoire.

Ainsi en est-il de l’actuelle « Merah mania » qui, en négatif, a peu de choses à envier à celle qui agite quelques bandes de simplets provocateurs au fond de leurs banlieues cradoques. La encore, une fois de plus, tout est parfait, jusqu’à la vieille appétence droitarde pour la police qui ressurgit en chapelets de louanges pour un Raid qui s’est pourtant largement ridiculisé dans cette affaire.

La gigantesque opération d’occultation de tout autre thème que l’Islam et la sécurité voulu par Nicolas Sarkozy dans la campagne électorale a trouvé ses affairés et véhéments auxiliaires, qui lui permettent en plus de prendre la posture du berger mesuré, ferme mais juste, protégeant la veuve et l’orphelin à la fois de la « menace islamiste » et des « extrémistes discriminateurs et amalgamants».

Pendant ce temps, on apprend que 11 millions de Français vivent en dessous où à la limite du seuil de pauvreté, qu’avoir un emploi ne protège plus de la précarité sociale, que les impôts vont augmenter pour rembourser les banques, que les avortements de mineurs sont en nette augmentation, que la consommation médicamenteuse et hallucinogène est à son paroxysme, qu’Internet va être encore plus verrouillé et contrôlé, que plus une cuisine de restaurant n’emploie de français, qu’un bar tabac parisien sur deux est tenu par des chinois, qu’un adolescent passe en moyenne 5 heures par jour devant la télévision ou facebook, qu’un mariage sur trois ne dépasse pas 4 ans d’existence, que la pornographie est consommé quotidiennement dès l’âge de 12 ans, que Monsato contrôle les agences européennes de sécurité alimentaire, que la patrimoine national est bradé au plsu offrant, qu’on envisage d’attaquer le code du travail et les salaires minimaux…

Mais de tout cela on se moque bien, puisque le combat principal, prioritaire, voire unique, est la lutte « fino alla morte » contre « l’islamisation »… Il est tout de même étrange que tant de brillants exégètes orwelliens ne perçoivent pas les similitudes entre cette néo-croisade instrumentalisée (merveilleux font uni Charlie-Hebdo- Caroline Fourest- LDJ- Droite Populaire- Christine Tasin- Renaud Camus - UMP – CNI – Act Up – GOF – Fafounets…) et les « guerres mobilisatrices » de 1984.

Pourtant si un jour, par quelque hasard historique consacrant enfin le phantasme tant entretenu, « l’Islam » devait s’imposer sur nos terres, ce serait sans doute beaucoup moins par ses raids meurtriers cornaqués par la DCRI qu’en se bornant à simplement ramasser un fruit aux trois-quarts mort à force de pourriture… Car ce ne sont pas les ennemis qui, conjoncturellement et à visages découverts, nous agressent, nous insultent et nous attaquent qui risquent le plus sûrement de nous tuer. Ce sont ceux qui nous désarment, nous avilissent, nous abaissent, nous dévirilisent, nous spolient et nous acculturent depuis tant d’années… La seule vraie trahison consiste à l’oublier, non à refuser de se ranger sous l’étendard néo-cons du mortifère et fallacieux « choc des civilisations ».

A moy que chault !