Entretien avec Laurent James
C’est le monde moderne qui s’oppose au traditionalisme, de nature et de fait. L’émergence de cette opposition s’est conduite en trois étapes : d’abord, la condamnation du monde céleste par la négation du concept même d’Eternité, l’interposition de médias entre l’homme et le ciel pour obscurcir la Lumière des lumières. Le moteur de cette première étape est la promotion de l’individualisme libéral. Ensuite, depuis 1945, la post-modernité s’est affirmée en brouillant les rapports horizontaux entre les individus, parvenant à annuler le Temps lui-même en imposant de manière irréductible le flux tendu comme unique manière d’agir, et au final, unique manière d’être. Une troisième époque s’est ouverte avec le châtiment divin de Fukushima, le vendredi 11 mars 2011 à 14h46 : le sol s’est désormais complètement ouvert sous les pieds de l’humanité, afin qu’elle descende aux Enfers pour le contaminer et le souiller irrémédiablement, et parvenir ainsi à obscurcir le noyau terrestre interne, la Lumière d’en-bas, le Contre-Soleil des profondeurs. Il faut bien comprendre que l’homme est aujourd’hui bien plus satanique que Satan lui-même, puisqu’il est parvenu à l’étape ultime de sa contre-évolution, il est parvenu à être infiniment divisé contre lui-même, ce qui revient exactement à ne pas être. La seule issue pour l’élite archéo-platonicienne ne consiste pas à retourner à la Tradition, il s’agirait alors d’une fuite en arrière aisément détectable et automatiquement neutralisée par les forces occultes de la dissolution ontologique. Il faut contre-pénétrer les ténèbres en agissant à la fois sur les niveaux historique, artistique (c’est-à-dire prophétique) et spirituel, rassembler les braises du feu vivant du contre-pouvoir polaire des origines, et souffler dessus par l’affirmation au niveau eurasiatique d’une ligne politique guénonienne, tout en intégrant dans sa chair vivante que l’Esprit ne naît pas de l’histoire, mais que l’histoire naît de l’Esprit.