Le Premier concile plénier chinois — Shanghai 1924
En 1924, à Shanghai, fut célébré, en pleine
communion avec Rome, le premier concile pour la Chine. Les institutions
canoniques de l'Église catholique romaine prévoyaient déjà la
possibilité de réunir les évêques en concile plénier, c'est-à-dire à
l'échelle de tout un pays ; mais tenir de telles assises était et reste
de par le monde une initiative extrêmement rare. Cette instance
collégiale non permanente peut contribuer à ajuster la pastorale et les
œuvres catholiques à la richesse et aux difficultés du contexte local.
Ce concile plénier de Shanghai a su adapter le droit canonique
missionnaire à la spécificité de la Chine de ce début du XXe siècle.
L'évangélisation de l'empire du Milieu, déjà très ancienne, appelait à
la fois un bilan, une consécration et une relance. Pendant des siècles,
la direction de l'Église locale avait dû compter essentiellement sur de
nombreux missionnaires congréganistes étrangers, et avait dû composer
avec des présences politiques étrangères, intéressées à maints égards
par l'évangélisation de la Chine.
Mieux que ses prédécesseurs, le pape Pie XI, alors régnant, était en
mesure de convoquer un tel concile : sa vision était de recommander que
les autochtones chinois catholiques participent aux décisions canoniques
et accèdent bien davantage aux responsabilités ecclésiales les plus
grandes. Le concile de Shanghai marque donc une étape importante — et
unique — de l'histoire de ce pays et de l'enracinement de cette Église
locale, en mettant en quelque sorte un terme à la fameuse querelle des
rites chinois qui durait depuis le XVIe siècle. Il contribue, en outre, à
l'adaptation du droit canonique missionnaire de l'Église catholique
romaine tout entière. Pour situer cet événement, analysé en détail du
point de vue de son originalité juridique, l'auteur retrace dans une
vaste fresque la très longue évolution religieuse de la Chine, avec
l'éminente et délicate rencontre entre le confucianisme et les
différentes présences chrétiennes en Chine depuis des siècles.