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O.N.G. - Extrême-orient(é)
30 septembre 2010

Mission humanitaire en Birmanie de Casapound et Popoli : Gianluca raconte son voyage chez les Karens (premier épisode).

Avant d’affronter les cinq journées de jungle, nous faisons les courses de nourriture et de matériel militaire (sacs, moustiquaires, hamacs, ponchos, bottes…). Ensuite nous nous y mettons: nous avons parcouru les 180 premiers kilomètres jusqu’à notre point de rencontre dans la benne d’un pick-up. Il y avait une place auprès du chauffeur mais j’ai préféré rester dehors pour profiter du paysage, des odeurs et des rumeurs si étranges des animaux. Cette route est surnommée «la route de la mort». Son nom vient des années 60 quand les communistes thaïlandais attaquaient les voyageurs afin de créer un climat de tension dans la nation. Boeh Mya, le père du commandant actuel de l’armée de libération Karen, Nerdah Mya, était à l’époque général et combattit les terroristes. Ceci valut une certaine clémence vis à vis des Karens de la part du gouvernement thaïlandais.

Sur la route, nous sommes passés à proximité du plus grand camp de réfugié Karen en Thaïlande, le camp d’Umphiang. Là se trouvent 40000 personnes entassées dans des baraques adossées à la montagne. Les Karens sont la deuxième ethnie après les Shans. Il existe des centaines d’ethnies dans la région, trop pour pouvoir les énumérer ici. Les femmes girafes que l’on connaît en occident, font partie de l’ethnie Karen. Les Karens sont 6 millions et divisés en trois religions dont les bouddhistes et les chrétiens baptistes sont les plus nombreux. Ils sont pourtant divisés et disposent de deux armées différentes qui se sont déjà accrochées par le passé. Ce n’est pas vraiment une lutte religieuse mais bien une opposition entre les têtes dirigeantes.

A la fin de la «route de la mort», nous sommes accueillis par une vingtaine de combattants qui nous aident à décharger les bagages et à les porter au travers de petits sentiers. C’est la saison des pluies et donc des trombes d’eau tombent du ciel transformant bientôt le sentier en marre de boue. Nous arrivons au camp. Nous nous installons dans une cabane construite pour nous, après le repas nous nous couchons rapidement. Dans la jungle, on mange vers 18h30 et on se couche à 20h. car la nuit tombe tôt, le jungle se réveille alors, des bruits bizarres nous entourent.

La journée suivante, nous nous levons à l’aube. Nous sommes dans un camp militaire des forces spéciales «Black Legion» de Nerdah et à 5h30, c’est le rassemblement. A quelques dizaines de mètres du camp se trouve «Little Verona», exemple concret du grand travail de Popoli qui a construit ce village de 32 maisons où vivent 300 personnes. Et ce n’est pas tout. On y trouve aussi une clinique et une école primaire construites elles-aussi par l’association. Sur les toits, des panneaux solaires fournissent un peu d’électricité au village et au camp militaire.

Nous nous mettons en file indienne et nous partons vers le village. Nous sommes huit et accompagnés d’une vingtaine de soldats. Quand nous arrivons nous sommes accueillis par des chants des enfants de l’école. Ils sourient et nous saluent. Ce sont de beaux enfants, leur peau est couverte d’une pommade spéciale qui les protège du soleil et de l’humidité. Cela ressemble à de l’argile mais c’est en fait extrait d’un arbre local. L’humidité est telle que l’air est difficile à respirer et nos physiques d’occidentaux sont mis à rude épreuve.

Franco (Popoli) est très aimé par ces gens et c’est naturel puisque cela fait plus de dix ans qui leur amène de l’aide. Nous commençons alors la distribution de diverses choses. Il n’y a pas de privilégiés, on donne tout à tous. Les soldats sourient. Malgré la misère, on sent beaucoup de sérénité. Les enfants ne font pas de caprices quand ils regardent le jouet qu’a reçu son voisin. Chacun est heureux des peluches ou des poupées qu’ils reçoivent. Les adultes sont de même avec les vêtements.

A Little Verona, sur les 300 habitants, on compte 40 enfants âgés de 2 à 9 ans. La distribution se termine, Rodolfo, le chirurgien de Popoli commence ses visites aidé par Massimo et Cinzia. Tous les enfants sont vus, pesés et diagnostiqués. Ils comparent les données qu’ils avaient recueillies il y a 6 mois lors de leur dernière visite. Avec stupeur et joie, ils s’aperçoivent qu’ils vont bien Leur poids augmente normalement, c’est une grande victoire vu le contexte.

Après les enfants, ce sont les adultes qui reçoivent l’attention de Rodolfo. Ils sont une vingtaine qui attendent sagement. Un jeune homme a la malaria, on doit l’emmener d’urgence à l’hôpital le plus proche qui se trouve à 300 km. Dans la jungle le problème vient des moustiques. Ils transmettent les maladies comme la malaria ou la dengue qui, non soignée, provoque des hémorragies internes et donnent des douleurs osseuses. Les adultes sont patients. On opère un garçon. Son pied est infecté suite à une blessure. Les autres souffrent de dysenterie, on leur prescrit aussi des vitamines, les mêmes que l’on avait déjà donné aux enfants comme des bonbons.

A Little Verona existent deux terrains de sport, un pour le volley-ball, l’autre pour le football-tennis. Des jeunes hommes jouent et rient. Paolo et Fabio se joignent aux joueurs de volley. Moi je regarde les joueurs de football-tennis, sport très aimé en Thaïlande. Ils sont adroits, la balle ne doit pas toucher le sol. Les gagnants rient, les perdants doivent faire 20 pompes.

Les visites continuent. Nous demandons si nous pouvons être utiles dans le camp militaire. Paolo, Fabio et moi repartons dans le camp et nous mettons à consolider et terminer notre cabane qui servira désormais aux hôtes. Les Karens sont de très bons menuisiers. En quelques heures, ils ont construits une table. Ils ont l’intention d’agrandir la maison. Nous nous joignons aux travaux. Après cela, nous allons nous baigner dans un petit point d’eau situé à dix minutes de marche. Ce bain nous décrasse. L’eau est propre. Les karens font attention à jeter leurs eaux usées dans un autre torrent, les toilettes elles, sont situées dans une petite cabane. C’est une plate-forme qui fait penser à des toilettes à la turc.

Le soir, pour diner, nous mangeons des nouilles de riz, du poulet, des œufs, des cœurs de bambous bouillis. Nous sommes épuisés et pour la première fois de notre vie, nous nous couchons vers 19 heures. Demain matin nous nous lèverons à l’aube encore pour rejoindre un village situé à 10 km. On doit rendre visite à des personnes âgées. Le village se nomme Populata. Ce sera une longue et difficile marche. La jungle est infestée de mines et de patrouilles birmanes. Dans cette zone, la semaine dernière, est mort un soldat Karen. Avec nous viendront 80 soldats. Nos sacs sont prêts, encore un peu d’anti moustique et je me glisse dans mon sac de couchage. Bonne nuit.

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