Souvenirs de campagne électorale par Serge de Beketch (6 juin 1997)

Vendredi 30 mai

Une candidate du Front a été contactée par « une amie » chargée de lui proposer un dédommagement honnête si elle se désiste. "L’amie" a parlé de cinq cent mille francs en petites coupures. La candidate, incrédule, a appelé son adversaire. Il est prêt à discuter. La candidate raconte tout ça en suffoquant, sans qu’on sache bien si c’est de rire ou d’indignation. Les militants la taquinent : « Tu n’aurais jamais cru valoir ça, hein ? » Et elle : « Peuchère, je vaux bien plus ! Je suis pas dans leurs prix... ».

Ce soir, dernière réunion de la campagne. En concurrence avec les vedettes de la Une, un policier sur la 2 et un téléfilm amerloque sur M6, Martinez "fait" deux cents personnes dans une salle de la périphérie nîmoise.

Le service d’ordre impeccable est dirigé par un retraité de la Légion. Il était à Dien Bien Phu à dix-sept ans.

- Cet après-midi, dit-il à Martinez, les cocos distribuaient un tract contre vous.
- Vous en avez pris un ?
- Non, tous...

Et il tend le paquet de tracts qu’il a confisqué tout seul.

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