Après la monotonie sous contrat

J'arrive à la maison du travail, égoutté et vidé. Trop fatigué pour une interaction humaine, je presse les touches de la télécommande et regarde sans comprendre dans la direction la grande télévision. Il ne faut attendre que peu de temps avant que les messages publicitaires et la parade sans fin des placements de produits ne submergent mes défenses et ne pénètrent mon esprit. Chaque détail de chaque message est minutieusement calculé, destiné à être répétitif et hypnotique, joué à plusieurs reprises jusqu'à ce que la lobotomie opère enfin. C'est dedans. Ma tête est maintenant remplie de désir inutiles. Avance rapide. Comme un drogué en pleine déchéance, je suis en transe dans les couloirs un supermarché. Le groupe hétéroclite de clients autour de moi, tous identiques - les yeux vitreux, les regards vides, les visages déformés par les hideux masques de l'envie. Nous sommes une armée de zombies. Au lieu de cervelle et de chair humaine, nous dévorons des marchandises placées stratégiquement et des produits à prix cassés fabriqués en Chine. Je vide rapidement ma cartes en plastique et mon âme, et rentre à la maison plein de sacs à provisions. Tous ces produits feront une masse de déchets et seront rapidement jetés sur un tas de tous les autres déchets accumulés. Demain, je vais me réveiller, boire mon café et quitter le confort et la sécurité de ma maison pour le travail. Je vais passer une autre journée longue et fastidieuse dans la monotonie sous contrat qu'on appelle travail. Quand ce sera fini, je retournerai encore à la maison et me reposerai en face du grand téléviseur, et attendre que les publicités pénètrent ce qui reste de mon esprit. Et chaque nuit, je me dis, "peut-être qu'un de ces jours, je vais tirer sur la prise de courant".

Adbuster