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O.N.G. - Extrême-orient(é)
15 mars 2009

Les Burakumin : eta et hinin

bu

Burakumin (部落民- "personne de la communauté" ou "du hameau") est un terme japonais désignant un groupe social minoritaire japonais discriminé socialement et économiquement.

Les burakumin ont constitué, dès l'époque féodale, une communauté de personne mise à l'écart de la société et condamnée à le demeurer par l'effet d'une ségrégation sociale et spatiale. Les Hinin (非人 - "non-humains") désignaient les marginaux tels les gens du spectacle, les saltimbanques, les condamnés et les pauvres issus de la population « ordinaire », qui étaient réduits à mendier et à occuper les emplois « sales » : s'occuper des prisonniers, ou devenir bourreaux, croque-morts ou espions. Les eta (穢多- "pleins de souillures") étaient eux des parias héréditaires, en cela similaires aux intouchables indiens, qui avaient le monopole des métiers liés au sang et à la mort des animaux : équarrisseur, boucher, tanneur, abatteur d'animaux.

La discrimination des burakumin est presque aussi ancienne que l'histoire du Japon et de ses croyances locales. La religion nationale, le shinto, considère comme souillé toutes les activités liées au sang et à la mort. Par ailleurs, le bouddhisme venu d'Inde par la Chine proscrit la mort des animaux considérés comme des êtres sensibles. Si les activités liées à la vie, à la mort et au sacré relevaient initialement du monopole religieux, les burakumin ont été progressivement chargés des occupations liées à la mort et au souillé, et identifiés à ces professions « impures » mais indispensables.

Les burakumin ont toujours traditionnellement vécu dans leurs propres hameaux et ghettos reculés. Jusqu'en 1871, ils ne pouvaient pas rester sur la route lorsqu'ils croisaient des citoyens « normaux », ils avaient l'interdiction de manger, de boire et de rester en ville à la nuit tombée. En 1871, l'abolition du système des castes féodales libère les burakumin et permet leur inscription sur les registres d'état civil comme « nouveaux citoyens ». Cependant, cette minorité perd son monopole sur les métiers du cuir et s'appauvrit rapidement.

Le 3 mars 1922, Matsumoto Jiichiro fonde la Société des niveleurs (全国水平社) pour obtenir une amélioration de la situation des burakumin. Mais malgré la lutte des burakumin et les efforts des gouvernements japonais, par la politique « de Dowa » et les efforts financiers alloués à l'amélioration de la situation matérielle des ghettos, la discrimination des burakumin perdure aujourd'hui. Certaines personnes issues de cette minorité tentent d'effacer les traces de ses origines, et de s'intégrer à la société normale. Cette stratégie est souvent mise en échec par l'existence des annuaires, officiellement interdits, qui recensent les personnes issues de cette minorité.

Contrairement aux autres classes, même à la pire (穢多-非人 - "les très sales"), les burakumin naissaient burakumin et ne pouvaient espérer changer de groupe. Malgré l'abolition officielle du statut de paria en 1871, les discriminations dont ils furent l'objet n'ont pas totalement disparu et certaines couches de la population japonaise moderne ne marieraient pas leurs enfants avec un membre d'une famille dont la lignée comprendrait un burakumin. Certains propriétaires immobiliers (en refusant de louer) ou certaines entreprises (en payant moins) pratiquent la ségrégation envers les burakumin. Aujourd'hui, la communauté burakumin compte plus de deux millions de personnes, dispersées dans les ghettos des grandes villes comme par exemple Ōsaka ou Kyōto.

Les burakumin représente 70 % des membres du Yamaguchi-gumi, le plus grand clan yakuza du Japon. Selon Mitsuhiro Suganuma, un ancien membre de la Security Intelligence Agency, 60 % de l'ensemble des yakuza sont des burakumin.

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