Un procès sur mesure
::ONG::
Juger l'intégralité des personnes impliquées dans le génocide khmer est
impossible. Pour tuer entre deux et trois millions de personnes, il ne
suffisait pas d'une poignée d'hommes et il est évident que "les petites
mains" du massacre passeront, ou sont déjà passées, à travers les
mailles du filet.
Comme l'opinion internationale exige un procès, il a fallu trouver
un compromis après de longues et difficiles négociations entre l'ONU et
les autorités cambodgiennes. Il a ainsi été décidé que seuls les
dirigeants Khmers Rouges les plus compromis, et uniquement entre la
période 1975-1979, seraient jugés. Des cinq premiers accusés, c'est
"paradoxalement" par le plus jeune, Kaing Guek Eav alias Douch, 66 ans,
que le tribunal commence depuis hier. Si tous les procès vont au rythme
de celui de Douch, les quatre autres responsables encore vivants que
sont Leng Sary et son épouse Thirith, Nuon Chea et l'ancien chef d'Etat
Khieu Samphan, ne le seront plus au moment de rentrer dans le box des
accusés.
Pol Pot, lui, a été jugé par les siens. Est-il mort de maladie dans
la jungle ou tué ? Il sera vraisemblablement impossible de le savoir un
jour. Et, contrairement à de nombreux autres dirigeants génocidaires,
pas mal de gens avaient intérêt à ce qu'il ne bénéficie jamais d'un
procès. Pourquoi ? Parce qu'après l'invasion du Kampuchea démocratique
(soutenu par la Chine) par le Vietnam (soutenu par l'URSS), les
États-Unis, l'Angleterre, la France et la Chine n'ont pas craint, aux noms d'intérêts divers, de se
salir les mains en aidant matériellement les Khmers Rouges contre les
nouveaux envahisseurs via leurs ambassades en Thaïlande ou de fausses ONG tel le Groupement d'Urgence pour le Kampuchea (K.E.G.).