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O.N.G. - Extrême-orient(é)
26 janvier 2009

Depuis que les hommes s’adonnent à l’usage de l’opium...

op

Si nous ne pouvons pas désigner l’alcool, sous ses différentes formes, comme le plus inoffensif des stupéfiants, nous pouvons au moins l’appeler le plus populaire des pourvoyeurs d’oubli. Il est aussi, comparativement, le plus « honnête » des moyens de plaisir : chacun connaît son action, et elle peut à volonté être adaptée à chaque cas. Mais, l’alcool euphorisant bien connu, avec ses conséquences non moins connues ne suffit plus depuis longtemps à notre époque décadente. Peut-être est-ce parce qu’il inflige une exigence trop forte à un corps affaibli, dont la résistance est amoindrie. Pour cette raison, on se tourne vers des stupéfiants qui, sous un masque plus hypocrite, agissent beaucoup plus doucement et agréablement, mais en contrepartie, ruinent d’autant plus vite et totalement les tréfonds du corps et de l’âme. L’opium, la morphine et la cocaïne sont les plus connus de ces poisons narcotiques.

Qu’est-ce que l’opium ? L’opium est le jus laiteux qui coule de la capsule du pavot, entaillée avant sa maturité ; on le fait sécher , et on le commercialise sous forme d’un gâteau brun-rougeâtre. Sous forme de pilules, il est mâché et mangé, principalement en Inde et dans les pays musulmans ; en Chine et en Europe, il est surtout fumé. Pour fumer l’opium, une préparation est nécessaire : un extrait est obtenu en faisant recuire l’opium brut  - on l’appelle Tschang-du - une  goutte de cet extrait, mélangé à du tabac, est chauffé à la flamme, et la fumée qui s’en dégage est inhalée à travers un tuyau. Les producteurs d’opium les plus importants sont l’Asie mineure, l’Est de l’Inde, la Chine, et en outre l’arrière pays des Indes Françaises, l’Égypte la Macédoine, la Perse.

Dans un but thérapeutique, l’opium trouve son utilité, en poudre ou en teinture, pour traiter les maladies des intestins ou les convulsions, bien que l’on connaisse depuis longtemps ses effets secondaires désagréables. C’est pourquoi deux célèbres médecins grecs, Diagoras et Erisistrate, déconseillent déjà son usage. Mais l’utilité de ce remède, à ce que nous lisons chez Lewin (Dr Louis Lewin, auteur de "Les Paradis Artificiels") était cependant si grande, qu’on continua à le fabriquer. Plus son usage se répandit dans le temps et dans l’espace, plus on apprit à le connaître et à le trouver indispensable. Mais, aujourd’hui encore, nous reconnaissons comme vrai cet ancien proverbe qui dit que l’opium est « un remède qui par devant vous lèche les doigts, par derrière vous griffe ». Ainsi bénédictions et imprécations s’attachent à ce remède diabolique, depuis qu’il aide l’humanité à supporter les misères et les peines de la vie terrestre.
         
L’action de l’opium est très différente selon les modalités de consommation. Selon les indications de R.V Jahsch, le vice du fumeur d’opium le conduit rapidement à un état temporaire, semblable à l’ivresse.

Il est d’abord joyeux, excité et communicatif. Après quelques heures, l’intoxiqué s’éveille de cet état d’ivresse avec une forte migraine, une faiblesse et une lassitude extrême, symptômes qui, assez fréquemment, provoquent ceci : avec une nouvelle prise, en fumant une nouvelle pipe d’opium, il renouvelle la même intoxication. Bientôt les signes de déclin deviennent visibles. Les troubles de la digestion, une sorte de lourdeur, l’insomnie, les troubles de la capacité de réflexion et la neurasthénie sont les conséquences inévitables. Avec un usage continu, on arrive enfin à un délabrement complet de tout l’organisme.

D’après des recherches récentes, il semble que manger l’opium ne conduise pas à des symptômes si pénibles et soit mieux supporté que de le fumer. Enfin l’intoxication chronique avec de trop fortes doses de préparation d’opium, qui est généralement une intoxication médicale, amène seulement ces symptômes : une constipation persistante, suivie d’une fatigue continue, plus ou moins importante.

Depuis que les hommes s’adonnent à l’usage de l’opium, il est impossible de l’utiliser en toute sécurité.

Histoire des perversions des différentes époques et des passions qu'elles ont suscitées de Léo Schidrowitz. Verrlag für kulturforschung. Wien/Leipzig, 1927.

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