Bob Morae, Henri Vernes et une pléiade de jolies filles
C’est ce qu’on appelle être habillé
pour l’hiver… Et toute une pléiade de jolies filles comme les aime
monsieur Vernes : Sophia Paramount (gentille), miss Ylang-Ylang (très
méchante, mais très sensuelle, impression renforcée par la
représentation qu’en fit Pierre Joubert en couverture d’un parfum
d’Ylang-Ylang, elle entretient avec Morane une sorte de relation
sadomasochiste) ou Tania Orloff (méchante, mais ce n’est pas de sa
faute, puisque c’est la nièce de monsieur Ming). Les couvertures de
Pierre Joubert, l’illustrateur de la collection “Signe de piste” – avec
ses “Prince Éric” imberbes aux shorts vraiment short, ses scouts
courant torse nu dans les ronces pour prouver leur courage –, font
partie de la légende Marabout junior et ont certainement contribué à
son succès, même si Henri Vernes trouvait la représentation de son
héros trop lisse, pas très virile.
Se définissant comme «
plutôt de gauche, mais une gauche qui rejoindrait la droite »,
confessant « beaucoup d’admiration pour les anarchistes », homme de
désordre dans sa manière de mener sa vie comme dans son travail, grand
voyageur et amateur de femmes, Henri Vernes n’est pas très porté sur
l’esthétique souvent ambiguë de la littérature jeunesse. Mais c’est
justement cet aspect un peu jeune du personnage pour ses 33 ans qui
permit aux lecteurs de 10-16 ans de s’identifier. Ensuite, le Bob des
bandes dessinées s’adapta, prit quelques rides (burinage provoqué par
l’effort et la vie au grand air), abandonna l’aspect Alain Delon
période Visconti et se mit à ressembler à Lino Ventura en plus élancé.
Henri Vernes et Bob Morane, Une double vie d’aventures - Daniel Fano