Envie de tout detruire
Le magazine de l'homme moderne : Considères-tu qu'il y a une conscience politique dans tes paroles, ou fais-tu des scènes de la vie quotidienne ?
Tai Luc
: J'aime bien le mot quotidien, à condition que ce soit jour après
jour. Les textes que j'ai écrits ont plus à voir avec le quotidien,
mais si ils se rapprochent du terme grec de politique, vie de la cité.
Mais je n'ai pas du tout l'ambition de gouverner les gens de la cité,
ni d'imposer ce que je pense. Quitte à faire de l'auto-citation, lors
d'un interview en 92, on m'avait demandé mes projets politiques, et
j'avais répondu que c'était transformer la France en Mongolie. Je n'y
suis passé que quelques fois par le Transsibérien, mais comme tu le
sais dans les villes on retrouve des problèmes entre communautés,
problèmes sociaux, etc... la solution à tout ça serait peut être tout
simplement l'éradication des villes ! C'est à dire comme les mongols au
temps de leur splendeur, envahir les villes, piller leurs richesses et
ensuite aplanir le terrain pour transformer cette surface en pâturages.
Paris, Lyon, Marseille transformés en Larzac ! On ne conserve que les
groupes électrogènes pour jouer de la guitare électrique.
C'est
finalement pas mal quand tu n'as pas de villes, et ça ne remets pas en
cause la technologie pour autant : lors de mon dernier voyage au Tibet
en 2000, je me suis rendu compte qu'il y avait plus de cafés internet
qu'à Paris. Les grands espaces ne sont donc pas incompatibles avec la
technologie.
Le magazine de l'Homme Moderne - janvier 2008