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O.N.G. - Extrême-orient(é)
22 mars 2008

Quitter le Vietnam

morts_indochine

Les combats que j’ai connu de 1950 à 1953 au Vietnam furent d’une âpreté et d’une violence que je n’ai plus jamais retrouvées durant ma carrière militaire. J’ai compris à cette époque le jugement porté par Winston Churchill : « Quand j’étais jeune, la guerre me paraissait cruelle et amusante. Maintenant, elle me paraît toujours aussi cruelle, mais je sais qu’elle est abominable ». Parfois, nous avions l’impression que c’était un cauchemar et que nous allions nous réveiller. Ceux qui prétendent aimer la guerre ont dû la faire loin du carnage des champs de bataille, des cadavres épars et des femmes éventrées. La guerre est un mal absolu. Il n’y a pas de guerre joyeuse ou de guerre triste, de belle guerre ou de sale guerre. La guerre, c’est le sang, la souffrance, les visages brûlés, les yeux agrandis par la fièvre, la pluie, la boue, les excréments, les ordures, les rats qui courent sur les corps, les blessures monstrueuses, les femmes et les enfants transformés en charogne. La guerre humilie, déshonore, dégrade. C’est l’horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de crasse, de sang, de larmes, de sueur et d’urine.      
L’irruption du danger, l’entrée dans ces territoires où rôde la mort, oblige à se hisser à la pointe de soi-même. Lorsque tout peut se briser en une seconde, l’homme est nu. Il ne lui reste qu’à être un homme.

La guerre rend économe de sa salive. Ceux qui l’ont connue en reviennent souvent taciturnes, car ils ont appris le poids des mots. Le silence paraît alors préférable aux paroles.

Pour nous, le courage était un sentiment qui s’entretenait, comme les fusils.

Toute une vie de Helie de Saint Marc

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